Il est là, tout près des ruines du monastère de Prébayon à Séguret. Dissimulé, compact, rejoignant les deux parois rocheuses de ses pierres sombres à demi-recouvertes de mousse, il serait l’œuvre de Satan lui-même. L’édifice que l’on nomme le Pont du Diable est le seul vestige qui a résisté au temps et aux tumultes du Trignon.
La légende raconte que le Diable, ayant pris l’apparence de Monseigneur l’évêque de Vaison-la-Romaine, aurait feint être touché par l’isolement des nonnes vivant en l’abbaye de Prébayon. Il aurait suggéré de construire, toujours sous les traits du prélat, un pont pour remédier au problème. Il proposa de superviser lui-même la construction de l’édifice en échange du simple fait que les
nonnes lui jurent « fidélité, allégeance et obéissance jusqu’à ce que le pont tienne debout ». Le pont fut construit au lendemain, et le diable installa sur les lieux de nombreux démons et s’empressa d’obliger les jeunes femmes à se dévêtir.
Tout cessa lorsque Dieu, après avoir reconnu son ennemi trôner au milieu des démons et des pauvres filles, se laissa emporter par une colère sans limite. Il fit déborder le Trignon qui emporta sur son passage l’abbaye et les nonnes, ne laissant que l’étroit pont, toujours intact.
Texte et photo : Simon SAADA - Paru dans : Ventoux Magazine