C’est au coeur d’une caverne des rochers de la Sorgue qu’aurait vécu la légendaire Coulobre, un dragon impétueux d’une incroyable grandeur qui semait la désolation dans le Vaucluse. Dévorant tout sur son passage, elle est décrite dans de nombreux récits comme un animal cruel, recouvert d’écailles impénétrables qui rejetaient une effroyable lueur, doté d’yeux rouges étincelant et vomissant des flammes.
Son histoire est très souvent liée à celle de Saint-Véran. Ce prêtre ordonné en 540, qui s’était retiré dans le Vaucluse afin de vivre en ermite. S’étant depuis abandonné à la contemplation, il réalisa son premier miracle lorsqu’il eut vent des méfaits causés par le dragon. Il s’avança vers la Sorgue, là où vivait le terrible monstre, et lui ordonna non seulement de quitter les lieux, mais également de ne plus jamais faire de mal à personne, car il ne lui en avait pas fait lui-même. Le dragon s’exécuta et s’envola. Saint-Véran débarrassa ainsi la vallée de son terrible fléau, rétablissant le calme et la paix dans la région.
Si l’on ne prend pas cette légende au premier degré, on pourrait considérer l’évangélisation de la vallée comme une métaphore de l’histoire. Saint-Véran, en se débarrassant du dragon, rejetterait en fait les cultes païens. L’histoire montre d’ailleurs que les saints provençaux ont rarement tué les dragons mais les ont plutôt réduits à se soumettre. C’est finalement ce même schéma métaphorique qui s’applique avec les cultes anciens qui ont été christianisés en Provence plutôt que détruits.
Texte et photo : Simon SAADA - Paru dans : Ventoux Magazine